La relation qui se tisse entre un biographe et son sujet, au sein de l’espace dialogique et médian que constitue toute écriture biographique, se noue et se dénoue de façon complexe. Parler d’un écrivain, d’un artiste ou d’un penseur qui nous a précédé, essayer de comprendre sa vie par son œuvre (ou l’inverse), implique nécessairement de prendre position par rapport à cette figure tutélaire, ou encore par rapport à la tradition littéraire, artistique ou philosophique qu’elle incarne.
Mais au delà de ces enjeux institutionnels, au delà même de l’identification, de l’appropriation ou de la répulsion que peut susciter la classique mécanique des affinités électives, la relation biographique tend – en particulier dans le contexte des écritures contemporaines – à se déployer sur d’autres plans : elle investit désormais tous les aspects du texte, donnant ainsi lieu à un large éventail de configurations discursives.
C’est cette variété de postures d’écriture, en tant qu’elles apparaissent emblématiques d’une part importante des pratiques littéraires actuelles, que le présent dossier de la revue
temps zéro souhaite explorer. À cet effet, les cinq articles et l’essai réflexif qui suivent envisagent la relation biographique sous l’angle de sa mise en œuvre ; dans tous les cas, il s’agit d’interroger les frontières (socio-historiques, culturelles, institutionnelles, disciplinaires) et les médiations (génériques, esthétiques, thématiques, médiatiques) qui entrent en jeu dans la production biographique contemporaine.
Ce numéro a été dirigé par Manon Auger et Audrey Lemieux.
(photo : extrait, « Mystery Writers », Nanagyei, licence CC)